La plateforme seniors@work est certainement une offre intéressante pour certains seniors. Cependant, en y regardant de plus près, on se rend vite compte que tant les seniors participants que les offres d'emploi font que continuer à travailler après la retraite n'est une possibilité que pour un nombre limité de retraités. Il s’agit généralement de personnes ayant une formation universitaire et/ou des « emplois de bureau ». Les maçons, les jardiniers et les vendeurs sont rares. En outre, il faut faire une distinction entre l'emploi et le travail bénévole.

Ce sont les associations de salariés qui fondent les syndicats. Cela montre clairement que les syndicats sont engagés envers les travailleurs. Les salariés qui continuent à travailler au-delà de l’âge AVS ne sont toutefois pas au centre des préoccupations des syndicats. En effet, notre attention doit d'abord être portée sur les salariés qui ne peuvent pas ou ne sont pas autorisés à travailler jusqu'à leur retraite normale. Atteindre l’âge normal de la retraite constitue un défi majeur pour de nombreux travailleurs, en particulier, mais pas seulement, dans les emplois physiquement exigeants.

Une étude de l'assurance chômage a montré que les salariés âgés ont souvent de grandes difficultés à trouver un nouvel emploi, même s'ils disposent d'une bonne formation et de bonnes qualifications. Même s’ils baissent considérablement leurs prétentions salariales.

Les prestations moindres du deuxième pilier expliquent également la forte augmentation du taux d'emploi des 55 à 64 ans.

L'argument selon lequel les salariés âgés coûtent trop cher ne peut être accepté : selon une enquête de l'Office statistique de Zurich, l'évolution des salaires des femmes jusqu'à 50 ans et des hommes jusqu'à 55 ans a un effet positif. après cela, il devient négatif - les évaluations détaillées du calculateur de salaire montrent une image similaire (www.lohnrechner.ch).

Malgré ces évolutions sur le marché du travail, de nombreux salariés aimeraient travailler au moins jusqu'à ce qu'ils atteignent leur pension habituelle, ou seraient obligés de le faire pour obtenir une pension raisonnablement décente. Cependant, le nombre de chômeurs de plus de 55 ans est en constante augmentation. C’est pour cette raison que les syndicats réclament les points suivants :

  • Les salariés de longue durée de plus de 50 ans devraient être particulièrement protégés contre le licenciement, comme cela est déjà réglementé dans une partie des conventions collectives de travail. Cette protection contre le licenciement incite également les employeurs à mieux prendre soin de leur personnel (formation et perfectionnement, protection de la santé). Contrairement à ce qui est souvent affirmé, cette protection supplémentaire ne constitue pas un obstacle à la réintégration sur le marché du travail. Parce qu’il est lié à l’ancienneté et n’a pas d’effet dissuasif lorsqu’il s’agit d’un nouvel emploi.
  • Les chômeurs âgés doivent avoir de meilleures chances de retrouver du travail. L'obligation d'inscription à l'emploi décidée par le Conseil national et le Conseil des Etats doit désormais être mise en œuvre de manière cohérente afin que les demandeurs d'emploi âgés, actuellement défavorisés, bénéficient d'un avantage.
  • Les salariés (et les chômeurs) devraient avoir droit à une évaluation de leur statut professionnel ou à des conseils de carrière (par exemple à partir de 45 ans). En matière de formation et de formation continue, ils devraient pouvoir compter sur un soutien accru, par exemple via des offres supplémentaires et des mesures d'information dans les secteurs dotés de conventions collectives de travail. La Confédération et les cantons doivent faciliter l'accès à la zone franche.

Parallèlement aux mesures préventives mentionnées, il est absolument essentiel que les lacunes existantes en matière de sécurité sociale à l'âge de la préretraite soient enfin comblées. Dans ce contexte, l'introduction d'une allocation transitoire pour les chômeurs âgés proposée par le Conseil fédéral constitue une mesure extrêmement importante et est très bien accueillie par les syndicats.

Il devrait être possible de travailler au-delà de l'âge normal de la retraite, mais cela ne devrait pas créer de pression financière ou hiérarchique au détriment des salariés ou du marché du travail. Partant de ce postulat, les syndicats sont favorables à un assouplissement de l'âge de la retraite, à condition qu'il soit ouvert et accessible à tous les salariés. Cela signifie qu'il doit également être possible pour les personnes aux revenus moyens et faibles de ne pas devoir travailler plus longtemps, mais de prendre leur retraite plus tôt.

Assouplir l’âge de la retraite peut créer des emplois, notamment pour les jeunes. Il semble donc peu logique que les emplois restent occupés par des personnes déjà retraitées depuis 10 ans. Mais cela signifie également que notre système de prévoyance professionnelle permet à chacun de continuer à mener une vie digne au plus tard après avoir atteint sa pension ordinaire. Quiconque n’a pas bénéficié du 2e pilier au cours de sa vie professionnelle et perçoit une rente minimale AVS peut difficilement parler de vie digne. Ces personnes - les femmes qui sont principalement touchées par la pauvreté à un âge avancé - pourraient être contraintes par des difficultés financières à continuer à travailler après la retraite, même si elles ont du mal à rester physiquement assises à une caisse huit heures par jour, par exemple. D’un autre côté, le transfert de savoir-faire, notamment spécifique à l’entreprise, des collaborateurs expérimentés vers les plus jeunes est extrêmement précieux. Les syndicats encouragent donc également les employeurs à concevoir leurs plans de succession internes avec des solutions en tandem transgénérationnelles, par exemple le partage du travail avec des modèles de retraite partielle (s'ils peuvent être financés). Il serait souhaitable que l’effet durable de tels modèles reçoive une plus grande importance que ce n’est trop souvent le cas lorsque l’on considère des considérations purement financières à court terme.

Toya Krummenacher

Président de la Fédération des Syndicats de Bâle

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